Emmitouflée dans ma doudoune, je suis à plus de 4500 mètres d’altitude sur l’Altiplano bolivien. Ici, le sol déborde de minéraux qui produisent une extraordinaire palette de couleurs. De brillants dépôts blancs et jaunes ourlent les rives de certains lacs alors que d’autres sont vert émeraude ou pourpre. Quant aux montagnes, elles sont ocres et roses. Ce décor enchanteur ne me fait pas oublier que je me trouve dans l’une des régions les plus rudes de la planète. Le froid est mordant, les eaux de nombreux lacs sont toxiques ou trop salées pour accueillir la vie, des geysers forment des mares de boue bouillonnante, des fumerolles jaillissent de terre et des vapeurs sulfureuses laissent échapper une odeur nauséabonde d’œuf pourri. Malgré la rigueur du milieu, cette plaine d’altitude est le refuge de nombreuses espèces sauvages andines, comme le renard de Magellan et les harems de vigognes. Des lamas avec des pompons de laine colorée accrochés aux oreilles paissent en semi-liberté dans ces étendues désertiques. Certaines lagunes sont devenues le lieu de prédilection de milliers de flamants grâce aux algues et au plancton dont les oiseaux se nourrissent. Après avoir parcouru plusieurs centaines de kilomètres en 4×4 dans ces étendues désolées quasi inhabitées, la vision des flamants est extraordinaire. Les échassiers passent la nuit en groupe pour se tenir chaud, les pattes dans l’eau près des remontées tièdes qui empêchent l’eau de geler. Plus au nord, c’est le territoire des grands déserts de sel. Le sol est craquelé, comme recouvert d’écailles. Çà et là, des collines dépassent à l’horizon. Certaines sont peuplées de cactus candélabres dont les plus âgés seraient millénaires. — Photographies et audio : Bolivie, septembre 2016.


Écouter (le vent et) les flamants